Coïncidence de calendrier, au lendemain de l’incendie du squat de Roms à Lyon lundi, le Premier ministre, accompagné des ministres Cécile Duflot (Logement), Manuel Valls (Intérieur) et Marie-Arlette Carlotti (Lutte contre l'exclusion), rencontrait ce mardi matin le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées (CAU) et le collectif Romeurope. Reçus une première fois à Matignon, en novembre 2012, les représentants des principales associations d’hébergement et d’accès au logement avaient adressé, le 3 mai dernier, une lettre au Premier Ministre. Le but: alerter le gouvernement sur la précarisation croissante des mal-logés et notamment des Roms. A l’occasion de cette seconde audience, Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde, a refait part de ses inquiétudes, au nom du collectif Romeurope.
Etes-vous satisfait des réponses apportées par le gouvernement au cours de la réunion de ce matin ?
J’ai l’impression que le ton a changé : le Premier ministre a clairement affiché sa volonté d’appliquer la circulaire du 26 août 2012, de mener une véritable politique d’intégration et de rompre avec la stigmatisation des Roms. Je reste cependant sur la réserve face à un double discours, tenu notamment par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui, tout en reprenant les objectifs positifs du Premier ministre, maintient sa ligne directrice focalisée sur les expulsions. Son discours est très clair : la loi dit qu’il faut expulser, donc j’expulse. Même si le Premier ministre reste plus nuancé, la politique du gouvernement est bien celle de la fermeté. Nous ne pouvons nous satisfaire de cette vision réductrice.
Que préconisez-vous sur la question des expulsions de squats ?
La logique d’expulsion ne peut pas être une politique acceptable. Elle met en danger les populations. Chaque fois, tout le travail de lien social est mis à mal, toutes les actions de terrain de prévention et de santé, de vaccination, d’éducation sont anéanties. Il faut repartir à zéro. J’ai cité ce matin l’exemple d’une famille marseillaise qui avait été expulsée trente fois. Face à une telle instabilité, il n’est pas possible de mettre en place un véritable accompagnement vers l’accès aux soins, à la scolarisation et au travail. Si des expulsions ont lieu, elles doivent permettre d’aller vers du mieux. Or, aujourd’hui, on assiste à l’inverse. Les familles roms expulsées sont prises dans un engrenage et subissent toutes le même itinéraire vers toujours plus de misère : chassées des bidonvilles puis des squats, elles finissent par poser leurs tentes sous des ponts d’autoroutes ou sur les trottoirs. La solution réside dans la mise en place de lieux sécurisés avec des conditions sanitaires dignes; des espaces stabilisés dans lesquels un vrai diagnostic est possible, comme le stipule la circulaire du 26 août 2012. Ces dispositifs d’accueil doivent être temporaires et aboutir sur des possibilités de relogement de long terme.
La logique d’expulsion ne peut pas être une politique acceptable. Elle met en danger les populations. Chaque fois, tout le travail de lien social est mis à mal, toutes les actions de terrain de prévention et de santé, de vaccination, d’éducation sont anéanties. Il faut repartir à zéro. J’ai cité ce matin l’exemple d’une famille marseillaise qui avait été expulsée trente fois. Face à une telle instabilité, il n’est pas possible de mettre en place un véritable accompagnement vers l’accès aux soins, à la scolarisation et au travail. Si des expulsions ont lieu, elles doivent permettre d’aller vers du mieux. Or, aujourd’hui, on assiste à l’inverse. Les familles roms expulsées sont prises dans un engrenage et subissent toutes le même itinéraire vers toujours plus de misère : chassées des bidonvilles puis des squats, elles finissent par poser leurs tentes sous des ponts d’autoroutes ou sur les trottoirs. La solution réside dans la mise en place de lieux sécurisés avec des conditions sanitaires dignes; des espaces stabilisés dans lesquels un vrai diagnostic est possible, comme le stipule la circulaire du 26 août 2012. Ces dispositifs d’accueil doivent être temporaires et aboutir sur des possibilités de relogement de long terme.
Les autorités évoquent parfois des difficultés pour convaincre les Roms d’accepter les solutions de relogement proposées. Est-ce une réalité observée sur le terrain ?
Je reconnais qu’il s’agit d’un travail parfois difficile, mais c’est le cas de toute action auprès de populations pauvres vivant dans la survie. Il faut agir directement avec les populations, les écouter. Lorsque les propositions sont déconnectées des réalités, elles ne peuvent aboutir à des solutions pérennes et adaptées. Un travail de concertation en amont est nécessaire pour recueillir les attentes. Dans certaines villes, les acteurs l’ont compris : c’est le cas à Strasbourg ou encore à Lyon. A Médecins du Monde, nous avons l’habitude de travailler avec des médiateurs santé. Cet intermédiaire permet de comprendre les besoins exprimés et d’y répondre au mieux.
Des échéances ont-elles été fixées lors de la réunion de ce mardi ?Aucun calendrier n’a été évoqué. Pour le moment, nous attendons un signe fort de la part du gouvernement qui doit se saisir de la question de l’intégration des Roms. Bien sûr, cela a été évoqué ce matin, mais ce que nous voulons ce sont des actes concrets et rapides, accompagnés des moyens nécessaires. De notre côté, nous continuerons nos nombreux projets, sur le terrain, au plus près de la population rom et de ses besoins. Et lorsque nous serons confrontés à des situations particulièrement alarmantes, nous ferons appel au défenseur des droits, comme nous l’avons déjà fait.
Human Rights - Diritti Umani - Droits de l'Homme - Derechos Humanos - For a World Without the Death Penalty - Rights of prisoners - No Justice Without Life
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