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"Pour la peine de mort, la Tunisie est un pays abolitionniste de facto : l’une de mes premières décisions en tant que Président a été de commuer la peine de deux cents condamnés à mort en prison à vie, et personne n’a protesté. On se trouve dans cette situation particulière où les islamistes maintiennent leur point de vue en faveur de la peine capitale, mais admettent qu’elle ne s’applique pas"
Lorsque j’étais président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, j’avais déjà pu constater à quel point ma conviction n’était pas en phase avec l’ensemble de la société sur ce sujet. Un homme de la ville de Nabeul avait commis le pire crime possible, en violant et en assassinant treize enfants. Il avait été arrêté puis condamné à mort. La plupart des membres de la LTDH préféraient garder le silence, parce que le pays entier réclamait sa mort. Mais j’ai choisi de porter mon désaccord sur la place publique.
Dans la plupart des cas, ai-je alors avancé, la peine de mort était appliquée contre des adversaires politiques et, même s’il s’agissait cette fois d’un vrai criminel à mettre hors d’état de nuire, il n’était pas possible de la justifier : sans compter les possibles erreurs judiciaires qui devraient à elles seules motiver l’abolition de la peine capitale, il est avéré que celles-ci n’a jamais permis de dissuader les criminels. Le raisonnement était imparable, mais la tension a été terrible. Des gens m’ont craché dessus dans la rue, parce qu’ils estimaient que je défendais un violeur et un assassin.
Je continue à dire aujourd’hui à mes partenaires d’Ennahdha que l’abolition de la peine de mort est nécessaire même si la société n’est pas encore prête pour qu’on l’inscrive dans la loi».
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