Environ 150 personnes roms, dont une soixantaine d’enfants, ont été expulsées du campement de la rue des Coquetiers à Bobigny au cours de la matinée du 27 août. Des solutions d’hébergement d’urgence n’ont été prévues que pour trois familles et le reste des habitants du campement est désormais sans abri.
Un an après la publication de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites », Amnesty International a assisté à une nouvelle expulsion forcée ce matin à Bobigny dans le département de la Seine-Saint-Denis.
Le vendredi 23 août la préfecture avait indiqué que seuls les habitants de deux parcelles appartenant à la RATP et au Conseil Général seraient expulsés dans la semaine, c'est-à-dire 35 personnes environ. Ce matin à 7 heures, l’ensemble des habitants a été expulsé, y compris ceux qui vivaient sur une parcelle de terrain appartenant à la Mairie de Bobigny, pour laquelle aucune procédure d’expulsion n’a été engagée.
Les habitants semblaient avoir été prévenus que l’expulsion allait avoir lieu, mais ils ont rapporté ne pas avoir été consultés en amont de l’évacuation. Vers 9 heures, une soixantaine de personnes attendaient encore devant le campement, incertains et ne sachant pas où aller. « Je ne vois pas quelle explication j’ai à donner, mis à part le fait que l’on met en œuvre une décision de justice », a indiqué le préfet.
Nadka, une Rom Bulgare de 46 ans, vivait sur le campement informel des Coquetiers depuis 2 ans. Elle pleurait et a expliqué avoir peur car sa maison étant située sur la parcelle de la mairie, elle ne savait pas si elle allait pouvoir rentrer chez elle ce soir et récupérer ses affaires.
Le 7 juin 2013, un diagnostic social avait été réalisé et les 200 à 300 personnes qui habitaient le terrain avaient été interrogées en une seule journée. Les trois familles signalées comme vulnérables et pour lesquelles un hébergement d’urgence a été prévu n’ont pas été prévenues de l’existence de ces solutions. « C’est à elles de se manifester », a expliqué le Directeur de cabinet du préfet, qui ne connaissait pas les noms des trois familles en question car d’après lui le diagnostic n’est pas nominatif. Le préfet de la Seine-Saint-Denis, présent sur les lieux, a ajouté « le reste est prié de trouver une autre solution ».
Le préfet a indiqué à la chercheuse d’Amnesty International présente sur les lieux que cette opération s’inscrivait pleinement dans le respect de la circulaire du 26 août 2012, mais a reconnu que cette circulaire n’était pas contraignante et pouvait être lue de plusieurs manières.
Une trentaine d’enfants habitant sur le campement rue de Coquetiers étaient scolarisés. David, 12 ans, a vécu ce matin sa cinquième expulsion. « Je me suis réveillé à 6 heures, la police est venue, ça nous a fait peur. Moi, je savais qu’on allait devoir partir, ma mère nous l’avait dit. Je ne sais pas où on va aller avec ma famille. On ne sait pas si on va pouvoir aller à l’école, nous on veut y aller. Aujourd’hui je devais aller au stage de remise à niveau, avant ma rentrée en 6ème au collège, mais là je ne peux pas aller au stage. »
La mairie a refusé de mettre à disposition un terrain, invoquant la responsabilité de la préfecture. Le Conseil Général a confirmé que pendant la durée des travaux sur sa parcelle, qui pouvaient durer de trois jours à trois mois, l’accès au terrain serait fermé. A midi, les familles ne savaient pas où aller, et elles attendaient au milieu de l’avenue Salvador Allende à Bobigny.
L’expulsion forcée du campement rue des Coquetiers à Bobigny démontre que la circulaire interministérielle publiée il y a un an est insuffisante pour protéger les Roms migrants contre les expulsions forcées. Amnesty International renouvelle son appel au gouvernement français à prendre des mesures explicites et contraignantes contre cette pratique qui enfreint ses engagements internationaux en matière de droits humains.
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